Bureau de Paige Sommers

Derrière le bureau se tient un fauteuil confortable en cuir. Devant le bureau, deux chaises sont légèrement rembourrées pour assurer le confort.
Sur le bureau se trouvent un ou deux dossiers ouverts. Le traditionnel pot à crayon avoisine l’écran plat de l’ordinateur, et une clef usb. Sur les étagères, des livres, des dossiers, des bougies, et même une mini-chaine accompagnée de son inévitable colonne de CD. Un peu à l’écart, dans le coin derrière la porte, on trouve un canapé usé sur lequel on a jeté des couvertures. Sur l’étagère sous la table basse, une bouilloire lutte avec quelques tasses et une boite en bois pour ne pas tomber. De chaque côté du canapé ont été posées sur de simples tabourets deux lampes. La pièce est suffisamment rangée, mais les quelques objets qui trainent lui donnent une atmosphère plus vivante, et chaleureuse.

De sa taille imposante, Moreno traversa les couloirs en direction du bureau de sa collègue, Paige Sommers. Arrivé à sa porte, ne sachant pas si elle était présente ou de sortie, il frappa et de sa voix familière, rétorqua avec une pointe d'humour :

Paige, c'est Jack, je vais déjeuner à la Cafétariat tout seul.
Si tu as un petit creux, je me suis dit qu'on pourrait changer de programme et se faire livrer une pizza sans anchois à mon bureau.
Aujourd'hui c'est des choux de Bruxelles à la cantine.

Il attendit une réponse, se penchant sur la porte et espérant ne pas poiroter longtemps. La pizza était commandé et livrée depuis un moment quoi qu'il arrive.

Au moment où elle entendit le coup sur la porte, Paige était au téléphone. Elle s'apprétait a demander un instant à son interlocuteur lorsqu'elle reconnut la voix familière.
*Choux de Bruxelles? *
Elle fit la grimace.
"Attendez une seconde."
Elle mit la main sur le combiné.
"Rentre, Jack!"

"Oui, je suis là. Bon écoutez, c'est très simple, j'ai suffisamment patienté comme ça. Le délai annoncé était de deux semaines, et ça fait deux mois que mon canapé navigue dans tout le pays. Donc, soit je l'ai d'ici trois jours, soit j'exige le remboursement, et je porte plainte. C'est clair? Bonne journée Monsieur. "

Elle raccrocha et souffla, avant de sourire.
"Désolée. Tu as parlé de choux de Bruxelles? J'ai beau ne plus avoir six ans, C'est pas pour autant que j'aime ça."

Jack entra, dévoilant un carton de pizza tout chaud d'une main, deux petites bouteilles d'eau minérale de l'autre. Il s'avança vers le bureau pendant que Paige termina sa conversation téléphonique.
Il s'installa sur le siège en face, posant les bouteilles sur le bureau et la pizza à la main, puis sourit d'avance à la réplique qu'il allait lancé.

"Décidément, il n'y a que les pizzas qui sont livrés dans les délais !"

Il mit en évidence la pizza, clous de sa plaisanterie, puis reprit un faux air sérieux

"Pour ma part, je n'ai rien contre les choux, mais je ne mettrais plus les pieds dans cette cafétérias, c'est un véritable sacrilège de servir de la bouffe aussi dégueulasse !
Enfin te connaissant, cafétérias ou non, si personne ne t'arrête tu es capable de sauter le déjeuné pour le boulot ! Alors me voilà..."

La pizza est prédécoupé, une pizza royale, celle que Jack préféré. Il trouva un coin de table pour la poser et entama le déjeuné. La première bouchée avalé il repris la discution.

" Alors, ton déménagement n'est toujours pas terminée ? les livreurs se sont trompés d'adresse ou bien ? "

"T'avais pris les devants, ce que je vois."

Elle sourit.
"Même pas vrai. Je mange...Celui qui m'empêchera de manger n'est pas encore né. C'est juste que j'ai des horaires...un peu irrégulier" répondit-elle avec une moue très peu mature.

Jack avait déjà choisi et attaqué sa première part de pizza, et Paige en saisit une à son tour, avant de répondre à une nouvelle question.

"Si, mais j'avais besoin de changer de canapé. J'avais pris la commande par Internet, pour un cuir que j'avais repéré, et la boite m' a assuré que moyennant un supplément ils me livreraient ici, à Blue Heaven. Et depuis deux mois mon canapé se balade."

"Rien ne vaut le commerçant du coin ! Après on me dit que je suis vieux jeu, mais tu vois, je n'ai aucune confiance dans ces nouvelles technologie... Tu pourrais me dire que c'est parce que je sais pas m'en servir, mais bon je maintiens que c'est un nid à escroc ! "

Il ouvrit une des deux petites bouteilles d'eau, avala une gorgé pour faire descendre ce qu'il venait d'avaler, puis attaqua une deuxième part de pizza.

" Et sinon, côté boulot ? tu t'ennuies pas trop en se moment ? C'est plutôt calme j'ai l'impression ces derniers temps, je n'ai que de la paperasse, des rapports à taper pour le bureau du procureur, des rapports pour le shérif et de temps en temps il faut que je tape un mot doux pour monsieur le Maire que le conseil municipale ne réduise pas notre budget... c'est d'enfer ! "

"Ouais. C'est vrai que c'est pas folichon. Ryan et Alec ont chacun leur équipe sur une affaire, mais sinon c'est très calme. Enfin, si l'on excepte le malade au logiciel...Mais bon c'est pas plus mal. On a pas mal de bleus, alors autant qu'on ne soit pas débordé, le temps qu'ils se rodent..."

Elle avala un peu d'eau avant de reprendre.

"D'ailleurs, tu sais ce que ca donne pour l'instant?"

Il termina son morceau de pizza pendant que Paige lui répondait. Il prit le temps d'avaler avant de répondre d'un air plutôt détaché.

" Oh ! ne crie pas victoire trop vite, le calme annonce la tempête, je suis prêt à parier que ton téléphone va sonné avant qu'on est terminé la pizza ! Et tu sais, les bleus je les ai pas encore vue sur le terrain, mais ça devrait pas trop tardé et je pense que ça va pas être prometteur... "

Il avala une autre gorgé d'eau avant de poursuivre.

" ... Enfin je me fais pas d'illusion, je ne pense pas que Blueheaven fasse exception, la moitié voir plus des stagiaires qui démarrent dans le métier font pas plus de 3 mois avant de démissionner au mieux, au pire de disparaître sans donner de nouvelle. Les qualités requises pour faire le travail qu'on fait sont multiples et inhumaine je dirais. On doit faire preuve d'un certains détachement, on doit se soucier du moindre détails mais sans laisser nos émotions prendre le dessus. Va raconté ça à un jeune, pleins d'entrain qui s'imagine qu'il va contribué à sauver le monde de la pourriture ! Va expliqué que chaque criminelle qu'il mettra au trou sera remplacé par un autre pendant qu'on continue à se cotiser pour les nourrir dans une cage et ceux avant qu'ils ne ressortent pour recommencer dans la majorité des cas.
On fait pas un beau métier, on fréquente plus de cadavre que le commun des mortels et tous le monde n'est pas fait pour ça."

Il prit une serviette en papier du carton de pizza pour s'essuyer ses mains tout en poursuivant son discour d'un air blazzé. On ressentait une forme de mépris envers les jeunes recrues.

" Quand j'étais à San Diego, à chaque nouveau crue de stagiaire, 10% soufflait une bougie l'année suivante sans exagérer. Beaucoup trop de gens idéalise notre boulot, mais y'a pas de quoi fouetter un chat, on sauve personne... on se contente de rétablir la vérité.
Si tu y réfléchis bien, on s'occupe majoritairement d'homicide, donc les victimes sont déjà morte ! Bien sur il y a des exceptions, mais faut pas rêver, les héros aux yeux des gens ce n'est pas nous, mais les Marines qui liquides des tas de gens parfois même sans savoir pourquoi."

"Tout est relatif. Je connais des Marines. Et je peux t'assurer que quand ils doivent tirer dans le tas, ça ne leur plait pas plus qu'à toi. "

Elle mastiqua un instant, les yeux dans le vague.

"Tu sais, j'ai travaillé quelques temps à la BAU, à Quantico. Un jour, 'jai demandé à un de mes responsables comment ils faisaient pour supporter toutes ces horreurs. Parce que je peux t'assurer que ce qu'ils voient c'est pire que de simples homicides, ils ont droit au pire en matière de sadisme...
Et tu sais ce qu'il m'a répondu? "

La question était purement rhétorique aussi elle ne lui laissa pas le temps de répondre.

"Qu'il fallait que quelqu'un parle pour les morts. Et même si c'est très idéaliste, quelque part nous on parle pour les indices. Et c'est ça qui pousse beaucoup de gens à caresser l'espoir d'entrer dans une agence CSI."

"Tout est relatif !"

Il répéta volontairement l'expression que Paige avait prise pour montrer qu'il n'était pas totalement en désaccord avec elle. C'était sa façon d'approuver mais aussi un forme de gratitude.
Il reprit une part de pizza, l'entama, puis dévia légèrement le sujet.

" Ceci étant dit, je maintiens que beaucoup de ces stagiaires qui défilent dans ces locaux ne savent pas ce qui les attende. Les atrocités commises par les hommes ne sont pas les seuls inconvénients
Renoncer à avoir une vie privée remplie, passer des heures à tourner en rond, ne pas compter ses heures supplémentaires sont partie intégrante du métier.
Tiens toi par exemple, ta vie privée ? Tu en es où ? Tu dois t'approcher de la trentaine, et sans indiscrétion à quoi elle ressemble ?"

Sa question n'était pas rhétorique, mais elle sonné tout comme. Il savait que la réponse appuierait sa thèse mais il souhaitait tout de même en apprendre plus sur sa collègue. Il continua donc d'ingurgiter la nourriture, écoutant attentivement la réponse.

Paige eut un petit rire mi-amer, mi-amusé.
"Pas faux. J'ai ma petite tribu. Chaque fois que c'est possible, on se voit dans la ville de l'un ou de l'autre. Quelques amis fidèles disséminés un peu partout, mais rien de plus sérieux.
En même temps, changer d'affectation tous les deux ans c'est pas l'idéal pour nouer, comme on dit, une véritable relation.
Pour en revenir à ce que tu disais, ils peuvent pas savoir si ils pourront réellement supporter tout ça sans avoir essayé. Alors même si administrativement c'est la galère, on peut pas leur en vouloir d'aller au bout de leur idée."

Cherchant sur le visage de son collègue et patron les réactions à sa petite tirade, elle termina sa part de pizza.

Jack prit une gorgé d'eau après avoir avalé son morceau de pizza, puis poursuivit d'un ton pleins d'amertume.

" Pour ma part, j'ai tenté de construire quelque chose. J'ai été marié un temps même, mais je suis vite redescendu sur terre. "

Puis son sourire réapparut, annonçant une tirade agrémentée d'humour.

" Et puis c'est sur que administrativement c'est la galère ! Tu n'imagines pas le bordel niveau paperasse, j'en ai tous les jours une tonne à remplir... Heureusement que les anciens arrivent à rédiger leur rapport à peu prés correctement ! "

Le téléphone de Paige sonna. C'était le central qui appelait, une nouvelle affaire venait d'arriver, les prédictions de Jack se réalisait !!!

Lorsque son téléphone sonna, Paige avala en hâte une gorgée d'eau tout en haussant un sourcil à l'attention de Jack.

Elle rattrapa le téléphone, bousculé par la boite à pizza, et décrocha.
"Sommers." se présenta-t-elle brièvement, se rappelant avec une mue amusée les prédictions de son collègue sur le calme qui ne durait jamais longtemps.

Elle écoutait attentivement son interlocuteur, griffonnant au passage quelques éléments.
"Ok. Je transmets."
Elle raccrocha et regarda son collègue.
"On a un problème. Brice Hodge, le milliardaire, vient d'être retrouvé mort dans sa piscine par son maitre d'hôtel. La côte des Sharks va plonger..."
conclut-elle avec une petite grimace.

Jack termina tranquillement sa part de pizza, s'essuya lentement les mains, avala une gorgée d'eau sans se presser et écoutant Paige lui annoncer que leur déjeuner serait écourté.
Il se leva calmement avant de lancer avec une pointe d'humour.
" Hmmm... tu vois, déjà que l'équipe ne risquait pas de jouer les play-off, je pense pas que ça change quelque chose au vue de la saison pourrie.
Et puis personnellement, mon seul problème c'est de ne pas pouvoir déjeuner tranquillement avec une charmante demoiselle. Dix ans que je n'ai pas put finir mon assiette ! Heureusement je vais t'y conduire, je connais la baraque, on ne voit que celle là dans le quartier... "

Il regarda Paige avec un air plus sérieux, lui faisant comprendre que le travaille démarré en cet instant précis.
-" Les deux équipes sont déjà sur un dossier et je n'ai pas de stagiaire pour le moment. Je vais t'accompagner sur la scène du crime, mais tu risques de devoir rouler en solo sur ce coup là, je dois avoir un œil un peu partout !
Je présume que la flicaille a déjà bouclé la villa, ne traînons pas plus ils risqueraient de saccager la scène du crime !!!"

Ils sortirent tout deux du bureau puis de l'agence en direction de la maison Hodge !